Chapitre 1
Ah ! Te voilà.
J'espère que tu as pu t'équiper comme je te l'ai suggéré.
Oui, je me suis organisé avec un cahier spécialement dédié à cet apprentissage.
Par contre, je ne comprends pas pourquoi il est nécessaire d'utiliser du papier alors que nous sommes sur un ordinateur. Ne pourrait-on pas tout faire de manière informatisée ?
En voilà une excellente question !
En effet, il est possible de tout faire numériquement, mais cela est une très mauvaise idée. Dans le cas présent, il s'agit déjà d'une pédagogie numérique par une formation en ligne qui est mieux connue par l'anglicisme néologique “e-learning”. Il n'y a pas d'interaction avec un enseignant en chair et en os. Cela pose des difficultés que je vais essayer de surmonter.
L'ordinateur est un outil formidable, mais il faut garder à l'esprit qu'il n'est qu'un simple outil avec ses forces et ses faiblesses. Il faut connaître les avantages, les inconvénients et les limites de celui-ci pour l'utiliser à bon escient. Il y a nombres de cas où l'informatique est parfaitement incapable d'offrir la moindre solution viable. C'est le cas pour les systèmes de vote à bulletin secret par exemple. Dans ce genre de cas, il ne faut pas l'utiliser. Le présent enseignement est déjà une gymnastique complexe que l'on ne recommande généralement pas. Aussi, le fait d'écrire sur papier permet un meilleur apprentissage. Cela me parait donc indispensable puisque cette méthode d'enseignement présente des limitations proches de l'inacceptable pour une formation convenable.
Pour en savoir un peu plus tu peux consulter ces sections de pages Wikipédiennes : Pédagogie – #La pédagogie par le numérique et Formation en ligne – #Limites et conditions de succès de la formation en ligne.
Es-tu en train de me dire que le numérique n'est pas la réponse à tout et qu'il est même, dans certains cas, inapproprié ?
Tu es pourtant un enfant de ce monde numérique peuplé de 1 et de 0. Par ailleurs, on m’a constamment dit qu'il faut passer au “tout numérique”. C'est même une doctrine politique très forte de ce premier quart de XXIᵉ siècle.
De plus, tu m'as dit être un hacker. Ne devrais-tu pas être l'un des plus fervents défenseurs du numérique ?
Justement pas ! Un hacker, contrairement à ce que l'on entend tous les jours dans les médias, ce n'est pas un “pirate informatique”. D'ailleurs, même cette dernière dénomination est problématique. Il vaudrait mieux parler simplement de “criminels”.
En informatique, comme dans le monde physique, il y a des gens bien et il y a des criminels. On voit souvent des débats pour savoir si internet est bon ou mauvais. Cela n'a absolument aucun sens. C'est comme se demander si le monde est bon ou mauvais et qu'il fallait trancher de manière absolue. C'est totalement ridicule. Il y a autant de très bonnes choses que de très mauvaises choses avec toutes les déclinaisons possibles entre les deux. C'est le cas dans le monde réel comme dans le monde “cyber”. Ce qui fait la différence c'est ce que toi tu en fais. Dans le monde réel, tu as accès à des couteaux de cuisine que tu utilises possiblement tous les jours, ce n'est pas pour autant que tu t'en serves pour aller tuer des gens. Dans le monde virtuel c'est pareil, tu as le choix d'utiliser ce qui est à ta disposition de manière éthique ou non. Mais cela est ton choix. Tu as cette même responsabilité dans le monde virtuel que dans le monde réel.
Dans le même ordre d'idées, les sites Web que tu fréquentes et où tu trouves des informations, les gens avec qui tu parles, la manière dont tu interagis et les outils que tu utilises te déterminent de la même manière dans cet espace virtuel que dans le monde réel. Ceci est un fait, quoi qu'en disent les autorités, les médias ou ce que l'on enseigne aux écoliers. Tous aimeraient que ce soit différent pour utiliser des méthodes différentes et autrement plus tyranniques lorsque l'on vise le monde virtuel. Il n'y a donc qu'un intérêt purement autoritaire à vouloir cette distinction.
De plus, l'informatique est une science dure. Ce n'est pas un dogme. Donc nous n'avons pas d'intérêt à promouvoir quoi que ce soit en dehors de la réalité. Nous faisons aussi beaucoup d'éducation et de prévention contre l'addiction (jeux, réseaux sociaux, etc.) qui est mise en œuvre par l'industrie malveillante.
D'accord, il n'y a pas de différence entre le monde réel et le monde virtuel.
Vis-à-vis de ce que tu me dis, je prends bonne note que l'informatique peut à la fois être quelque chose de formidable et quelque chose de dangereux si l'on n'y prend pas garde.
D'ailleurs, je ne comprends pas, c'est quoi exactement un “hacker” ? Pourquoi tout le monde vous associe à des criminels informatiques ?
Je répondrai à ta question sur ce qu'est un hacker à la page suivante, mais visiblement, j'ai éveillé ta curiosité et j'ai peut-être aussi ébranlé quelques-unes de tes idées reçues.
C'est donc bien de tout cela dont on va parler dans ce chapitre 1. Comme tu as certainement déjà dû le comprendre. Il te faut oublier bon nombre de choses que tu pensais acquises, car elles sont souvent fausses. Ce sera un défi pour moi de t'enseigner tout cela, parce que tu devras faire l'effort d'oublier ce que tu pensais savoir pour le remplacer par des choses souvent antinomiques. Cela sera absolument nécessaire pour la suite.
Je ferai des efforts, je te le promets !
Je compte sur toi pour m'aider du mieux que tu le pourras.